Hors-système, pas anti-système
L'un des arguments favoris des candidats anti-Ségolène Royal est de clamer que le soutien populaire dont elle bénéficie n'a rien à voir avec ses qualités propres et qu'il est simplement dû à un ras-le-bol et à une volonté de "tirer un coup de pied dans la fourmillère". Comme si pour voter pour une femme, plusieurs fois ministre de surcroit, il fallait être au bout du rouleau! C'est le dernier avatar du machisme ordinaire.
Dernier exemple en date : le blog de Patrick Mottard, ancien candidat aux élections municipales à Nice et leader des fabiusiens locaux, qui assimile le vote Ségolène Royal au vote Non au référendum sur la Constitution européenne en disant que ce sont les mêmes personnes qui venaient le voir pour brocarder le traité qui, aujourd'hui, soutiennent la candidature Royal.
Ségolène n'est pas une candidate anti-système. Pierre Poujade l'était, Arlette Laguiller ou Jean-Marie Le Pen le sont. Elle ne l'est ni dans ses opinions, ni dans sa façon de faire de la politique. Elle n'est pas agressive, ni populiste et c'est dans tous les sens du terme une modérée. Par contre, oui, elle est hors-système car elle tranche singulièrement avec une classe politique qui ne se renouvelle pas et avec un langage et une pratique politique ultra-ritualisé dont les français ne veulent plus entendre parler.
Au passage, je voudrais rappeler que c'est Laurent Fabius, le candidat que Patrick Mottard soutient, qui a appelé à voter Non à la Constitution, pas Ségolène Royal. Fabius qui s'est positionné ainsi parmi les anti-système tout en restant dans l'esprit des français le symbole absolu du système sclérosé et convenu qu'ils rejettent de toute leur force.