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LA VOIE "ROYAL"
22 avril 2006

La presse de Jocelyne

Amusant ce portrait d'"UN COUPLE PRESIDENTIABLE", ou "la harpie et le fantassin"!

On y apprend en outre que Ségolène Royal pourrait être un leurre affiché pour libérer la voie d'un

autre présidentiable du PS ! (Cette Isabelle Mandraud n'y va pas avec le dos de la cuillère pour appâter le lecteur... )

Portrait d'un couple présidentiable

Le couple est devenu objet d'étude, sujet de discussions. On ne parle plus de Ségolène Royal sans se poser la question de François Hollande, et vice versa.

Un ménage de présidentiables, cela ne s'était jamais vu. C'est une exception française, une de plus. De celles qui donnent envie de comprendre. Il y a déjà eu quantité d'articles, des biographies pour chacun, un autre livre, déjà, sur le couple, parent de quatre enfants, sans épuiser le sujet. Deux journalistes, spécialisés en politique, Marie-Eve Malouines (France Info) et Carl Meeus ( Le Point), les ont à leur tour observés. Au congrès du PS, par exemple, en novembre 2005 au Mans. « Ils viennent de déjeuner avec Romano Prodi [chef de la gauche italienne]. Tel un couple présidentiel », racontent les auteurs. Le repas s'achève. « Le couple quitte la table d'honneur pour entreprendre sa tournée des militants. Ils font le tour de la salle, échangeant quelques mots amicaux avec leurs camarades (...) et s'y adonnent d'un même pas, avec le même sourire joyeux. » François Hollande, premier secrétaire du parti, s'assoit en compagnie des journalistes, comme à son habitude. Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, reste en retrait. La conversation roule sur la désignation du candidat pour l'élection présidentielle de 2007, le bon moment. En 1988, rappelle François Hollande, François Mitterrand avait « utilisé un leurre avant de se présenter. Rocard, c'était le leurre « . « C'est qui, alors, le leurre, aujourd'hui ? C'est Ségolène ? », lui demande-t-on. Dans l'éclat de rire qui suit, les auteurs entendent Ségolène Royal « marmonner entre ses dents, sans que l'on puisse savoir si c'est par humour ou par bravade : «Leurre... C'est un rôle comme un autre !» ».

Dans le portrait croisé que dressent les deux journalistes, les deux responsables socialistes sont croqués avec justesse. Elle, « fourmi » avec une image un peu « harpie » ; lui, « fantassin » avec une image de « chic type », mais tous deux boulimiques de médias. Dommage que les têtes de chapitre reprennent des images un peu simplistes pour décrire ce couple si étrange en politique, comme « la belle et le bêta » - ou pis, ces surnoms qui font le titre du livre : La Madone et le Culbuto. C'est réduire à la boutade potache l'obstination de l'une et les capacités indéniables de rebondissement de l'autre, parfaitement démontrées. Car Ségolène Royal et François Hollande ont bien en commun l'obstination et une « ambition insatiable », qui se manifestent sur tous les terrains.

Au point que les auteurs dressent un parallèle amusant, alors même qu'ils ne se connaissaient pas encore. « François », qui aurait pu être réformé, en raison de sa forte myopie, a tout fait pour effectuer son service militaire. « Tu comprends, si je veux devenir ministre, je ne peux pas avoir été réformé », aurait-il confié à l'un de ses camarades « surpris par tant de prévoyance ». Au nom du féminisme, « Ségolène », fille de militaire, réclamera, elle aussi, de pouvoir faire son service.

En vain : « En 1977, la Grande Muette n'est pas encore prête. » Complémentaire jusqu'ici, leur parcours, depuis qu'ils se sont rencontrés à l'ENA en 1980, les mène, étape après étape, jusqu'aux avant-postes du parti, lui, dans l'appareil, elle, par les maroquins ministériels - sans jamais qu'ils se départent de leur appétit médiatique.

Formés par les mitterrandiens, séduits par Jacques Delors et la nouvelle gauche, ministre et premier secrétaire choisis par Lionel Jospin, ils ont gravi, un à un, tous les échelons. Jusqu'à aboutir à cette question, désormais récurrente, mais toujours sans réponse : mais comment font-ils ? « Ils ont beau avoir traversé des épreuves ensemble, privées et politiques, celle -ci est d'une autre nature », écrivent nos confrères. C'est juste. « Ségolène » est aujourd'hui la candidate préférée des Français dans les sondages. « François », lui, pâtit d'une image inversement proportionnelle.

Isabelle Mandraud

Le Monde - Edition du 14 avril 2006

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Commentaires
B
Merci Jocelyne de toutes ces contributions constructives pour notre blog. <br /> Ca fait plaisir après l'invraisemblable déchaînement de commentaires acerbes, aigris et stériles...<br /> Heureuse de te compter parmi nous.
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