L'après Bondy, vu par Jocelyne
Les réactions Les réactions après la visite, mercredi 31 mai, de Ségolène Royal à Bondy, en Seine-Saint-Denis. A gauche "Tous les ingrédients qui ont fait l'explosion de novembre sont là et on en aura d'autres. La dernière vague de violences a été destructrice, la prochaine le sera plus encore. La solution n'est pas uniquement dans la répression", mais dans le renouvellement des crédits aux associations, les services publics, l'emploi. "Celui ou celle que nous élirons aura besoin d'expérience et de compétence" sur le terrain des banlieues. Sur les différences entre les réunions que lui et Ségolène Royal tiennent en ce moment dans toute la France, Dominique Strauss-Kahn a évoqué une question de "style": "moi je fais des réunions de débat, j'ai moins le goût maintenant, comme je l'ai eu quand j'étais plus jeune, des réunions où je parle tout seul et où quand j'ai terminé, je dis 'je m'en vais'". (Déclaration, mercredi 31 mai) Roland Dumas, ancien président du Conseil constitutionnel : "Je suis venu parce que ma fille m'a demandé de l'accompagner pour écouter Ségolène" dont "elle est fanatique. J'écoute. Je trouve que c'est très intéressant aujourd'hui d'écouter Ségolène" car "elle contribue au débat". "J'avais remarqué sa forte personnalité", comme conseillère de François Mitterrand à l'Elysée, "son originalité et son caractère. D'aucuns diraient 'son mauvais caractère'". "Elle avait en elle toutes ces qualités et elle a su les travailler. Elle a su y réfléchir et elle les épanouit aujourd'hui. Il n'y a aucune contradiction entre la Ségolène de cette époque et la Ségolène d'aujourd'hui. Elle parle un langage plus simple et neuf et elle est porteuse d'idées nouvelles". (Déclaration à la presse, mercredi 31 mai) Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris: "Ségolène Royal nous a fait un petit dérapage." "La militarisation de la sécurité, ce n'est pas l'ordre juste mais juste l'ordre", allusion à un des slogans de Ségolène Royal, "l'ordre juste", de la candidate potentielle à l'investiture pour la présidentielle. "A courir après Nicolas Sarkozy on ne le combat pas, on le légitime", a souligné Jean-Christophe Cambadélis, pour qui "il faut faire baisser la violence dans la société", mais "cela passe par des règles et de la justice sociale". (Communiqué, 1er juin) Yves Durand, député PS du Nord: "Je ne peux qu'être stupéfait des déclarations de Ségolène Royal préconisant la mise sous tutelle des allocations familiales pour les familles en difficulté, et l'encadrement militaire pour les élèves difficiles. L'armée n'a jamais été une punition ni un centre de formation". "Je crains qu'en voulant coller à l'air du temps, Ségolène Royal ne s'éloigne des valeurs qui ont toujours fondé le combat des socialistes pour l'éducation et l'émancipation de tous". (Communiqué, 1er juin) Manuel Valls, député-maire PS d'Evry (Essonne): "Rien ne me choque dans ce que j'ai entendu, ce que j'ai lu de ses propos, c'est-à-dire de faire une priorité de la sécurité, l'autorité, la règle". "Je ne pense pas qu'elle ait dérapé, je pense qu'elle a tenu un discours clair qui est celui qui est attendu dans les quartiers populaires". Manuel Valls, favorable à une candidature de Lionel Jospin à la présidentielle, a également rappelé que ce discours "a déjà été prononcé" par l'ancien Premier ministre. "Il est temps que l'ensemble des socialistes s'approprient un discours clair sur la lutte contre la délinquance et comprennent que la demande d'ordre, de règle, de lutte contre la délinquance est une priorité de la part de nos compatriotes", a-t-il précisé. (Europe 1, jeudi 1er juin) Les Verts : "Le ségolisme ressemble au sarkozysme". "Les déclarations de Ségolène Royal, candidate à l'investiture socialiste et favorite des sondages, à Bondy, en faveur d'une approche musclée de la délinquance des mineurs, s'inscrivent dans un mouvement sécuritaire plus global et dont le meilleur représentant est l'actuel ministre de l'Intérieur" Nicolas Sarkozy, souligne le porte-parole des Verts Sergio Coronado. Pour lui, "les propositions avancées, notamment la mise sous tutelle des allocations familiales et l'encadrement à dimension militaire des jeunes primo-délinquants, ne peuvent provoquer qu'indignation et refus". "Mme Royal pense que la crise sociale, dont la délinquance des jeunes est une des manifestations, peut être réglée par le simple usage de la matraque". Les Verts s'inquiètent "que des propositions de cette nature puissent être avancées par un responsable de gauche". (Communiqué, jeudi 1er juin) Marc Dolez, député PS du Nord, animateur du courant "Forces militantes" : "J'ai pris connaissance avec consternation des déclarations de Ségolène Royal qui (...) a choisi de marcher sur les terres sécuritaires de M. Sarkozy. Ses propositions ne sont pas acceptables". "Les militants socialistes (...) ne peuvent se retrouver dans des déclarations qui n'engagent que son auteur". "Je demande solennellement au Premier secrétaire du PS François Hollande de faire la mise au point nécessaire". (Communiqué, jeudi 1er juin) A droite Dominique Villepin, Premier ministre, affirme n'avoir "pas vu beaucoup d'idées nouvelles" dans les propositions énoncées par Ségolène Royal en matière de sécurité. "Je constate qu'elle avance dans des directions où d'ores et déjà nous agissons", a-t-il estimé lors de sa conférence de presse mensuelle à Chartres. "Je n'ai pas vu beaucoup d'idées nouvelles, mais "je pense que c'est le point de départ d'un débat". (Conférence de presse mensuelle, jeudi 1er juin) Eric Raoult, député-maire UMP du Raincy (Seine-saint-Denis), qualifie de "socialo-réacs" les propositions formulées par Ségolène Royal pour lutter contre la délinquance. "Mettre l'armée autour des jeunes, supprimer les allocations familiales: quand Sarkozy le dit, c'est terrible, quand Ségolène Royal le dit, c'est acceptable". (France 2, jeudi 1er juin) Georges Fenech, député UMP du Rhône, s'est, lui, félicité de voir que Ségolène Royal "marque soudainement une rupture avec l'angélisme socialisme à toute épreuve". Il préconise, "au-delà de la construction de centres pour mineurs multirécidivistes tournés exclusivement vers l'éducatif et le loisir rural, des centres de type militaire sur le modèle du 'Boot-camp' de Chicago dont les résultats sont spectaculaires". (Communiqué, jeudi 1er juin) Nicolas Dupont-Aignan, député UMP de l'Essonne: "Les Français ne seront pas dupes de ce tour de passe-passe un peu grossier. Ce n'est pas le parti du laxisme policier et judiciaire, qui n'a cessé depuis 25 ans de s'apitoyer sur les délinquants plutôt que sur les victimes, qui rétablira l'ordre républicain" (Communiqué, 1er juin). Jean-Paul Anciaux, député UMP de Saône-et-Loire: "Mme Royal fait dans le registre 'plus sarkozyste que moi tu meurs'. Je n'ignore pas que la compagne de M. Hollande est fille d'officier et qu'en matière d'éducation 'Fuis le naturel, il revient au galop', mais ses propos sont à cent lieues du discours socialiste officiel (...) Si Mme Royal confirme ses propos sur la politique de M.Blair notamment, alors je crois qu'elle peut être accueillie à l'UMP, sans réserve, ni examen de passage" (Déclaration, 1er juin) Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire: "Après avoir partagé pendant quatre ans la naïveté de Lionel Jospin en matière de sécurité à l'école, Ségolène Royal fait du mauvais Sarkozy. Elle marche en boitant dans les pas du ministre de l'intérieur. Elle passe de l'angélisme au mauvais plagiat." Les propos de Ségolène Royal sont "de l'agitation médiatique et un hommage indirect à l'action de Nicolas Sarkozy". "Mais la copie ne fait pas l'original", a-t-il souligné. Il s'est demandé notamment si Ségolène Royal était "prête à soutenir les propositions de réforme de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs qui permettrait de sanctionner les délinquants mineurs les plus violents, là où aujourd'hui, la loi leur fait bénéficier trop souvent d'une parfaite impunité". (Communiqué, 1er juin) Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur a réagi lors d'un lors d'un déplacement à Perpignan: "J'observe que Mme Royal trouve que je n'ai pas été assez ferme. C'est dommage qu'elle n'ait voté aucun de mes textes, aucun de mes budgets, aucune des mesures que j'ai proposées". "Maintenant qu'elle me demande d'être plus ferme, qu'elle dise à ses amis de me soutenir". (Déclaration, 1er juin) Syndicats Le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri: "Cela me laisse perplexe, je ne suis pas sûr de comprendre toutes les mesures proposées par Ségolène Royal. Il y a un mélange d'intentions qu'on peut partager, et de mesures qui ne correspondent pas avec ces intentions." "Cette proposition de tuteur des collégiens est une idée qu'on défend depuis longtemps mais sous la forme de moyens supplémentaires avec renforcement des postes comme les infirmières, les conseillers d'éducation. Ce serait quelqu'un au fond de la classe qui surveillerait la classe pendant que l'enseignant travaille ? Je ne suis pas sur que ce soit efficace." (Déclaration, 1er juin) Patrick Gonthier, secrétaire général de la deuxième fédération de l'Education, l'Unsa-Education: "Il faut arrêter de faire de l'école un lieu de surenchère électorale démagogique à gauche et à droite." Il a également demandé de "cesser de croire que l'Ecole est un lieu de violence et que seules les solutions autoritaires et répressives ont de l'avenir". "On doit donner à l'Ecole tous les moyens pour qu'elle assure l'Education et la prévention, ce sont les seules réponses importantes sur le long terme", a-t-il ajouté. (Déclaration, 1er juin) |
Mes commentaires :
DSK : (citation) "moi je fais des réunions de débat, j'ai moins le goût maintenant, comme je l'ai eu quand j'étais plus jeune, des réunions où je parle tout seul et où quand j'ai terminé, je dis 'je m'en vais'". (Déclaration, mercredi 31 mai)
J'ai du mal à le suivre: il réclamait que Mme Royal dévoile un programme, et il trouve maintenant qu'elle en dit trop et ne permet pas le débat !!!
Bon. Glissons…
Cambadélis persiste dans un angélisme maintenant périmé (on a vu ce que les règles en vigueur et la justice sociale en vigueur ont fait jusqu'ici).
Peut-être n'est-ce pas une urgence pour lui, mais ça l'est pour d'autres, et depuis longtemps: je pense à ceux qui vivent dans ces "zones".
Yves Durand ne me semble pas avoir compris ce qui permet une véritable éducation, et une émancipation qui permet l'exercice d'une citoyenneté.
Manuel Valls: ce discours de Lionel Jospin n'a pas fait date me semble-t-il.
Les verts: Sergio Coronado …
a-t-il eu l'occasion de vivre dans ces zones de non droit, où une très large majorité des habitants souffre des agressions, des "tournantes", dont sont responsables une infime partie de ses habitants qui ont perdu (leur a-t-on donnés) tout repère social …
a-t-il eu l'occasion d'enseigner? De soutenir des jeunes en perte totale de repères et de projet ?
NB: J'ai fait ça 11 ans dans un collège "ZEP", avec un bilan plutôt émouvant: j'ai rencontré dans la ville certains de ces petit(e)s "dur(e)s" quelques 8 ou 10 ans après les avoir eu dans mes classes.. les garçons avec petite barbe, ou les jeunes femmes avec une poussette et qui s'arrêtaient pour me demander de mes nouvelles…
C'étaient le plus souvent ceux qui avaient posé problème en classe, et que je n'avais pas ménagés, ceux avec qui j'avais été ferme et claire lors d'entretiens "entre quat'-z-yeux:
"Tu crois que tu peux continuer comme ça?
Quelle image de toi tu veux donner dans 2 ou 3 ans?
Qu'est-ce que tu veux "faire de ta peau" plus tard?
Formulations "musclées", mais qu'ils ont comprises semble-t-il. Beaucoup plus tard, je me suis étonnée qu'ils aient conservé le sentiment que j'avais pu -un peu - les aider à "se structurer" : Sans doute ont-ils estimé que je leur avais permis de se poser des questions utiles – pour eux! – et qu'ils ont gardé le souvenir d'une prof un peu atypique, en dehors de ses cours, qui leur a parlé dans leur langage, en leur suggérant des questions fondamentales qu'ils devaient se poser?…
Marc Dolez: n'apporte aucun argument rationnel.
Alors OUI, un bon responsable de la gauche doit aujourd'hui faire face, arrêter d'éluder le problème qui ne se pose que localement mais de manière parfois dramatique et auquel jusqu'ici n'ont été apportés que des emplâtre à une jambe de bois, ou des mesures destinées à temporiser et à reporter l'action efficace à plus tard…
Pour ce qui est des réponses de la droite je n'insisterai pas: de mauvaise foi ou non argumentées; et parfois les formules dans le style langage des gamins "ZEP" construit y font une étonnante apparition : par exemple " Plus sarkozyste, tu meurs!!"
Jocelyne