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LA VOIE "ROYAL"
21 août 2006

Une grosse bousculade, du saucisson et une belle journée

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L'effet Ségolène a réuni une foule jamais vue à Frangy-en-Bresse.

Par Muriel GREMILLET - Libération

La toucher.

Coincés

entre deux rangées de tables, ils attendent «Ségolène». Mais voilà, il n'y aura ni poignées de mains, ni séance de chamboule-tout local, ni bain de foule avec embrassade des enfants et des vieux. Ségolène Royal reste barricadée derrière un service d'ordre débordé et une nuée de caméras, d'appareils photo et de journalistes avides de saisir son sourire a côté d'Arnaud Montebourg. Elle évite les contacts. Une bousculade et hop, l'héroïne du jour disparaît dans la cuisine de fortune pendant vingt minutes, en attendant que les curieux s'asseyent enfin. Le repas commence, Ségolène Royal chipote trois lentilles, deux tomates. Et redisparaît, au calme, pour préparer son discours. Du jamais vu sur place, d'autant qu'entre temps les gendarmes et la sécurité civile sont venus sécuriser le morceau de table où elle mange. Les photos sont interdites.

Saucisson.

Mais le charme opère. De la main, elle salue la foule et envoie des baisers, façon reine d'Angleterre en goguette. Et les photos de famille par centaines vont rejoindre les albums souvenir. «Tiens, on n'a pas crié Ségolène présidente», constate un monsieur au sortir du discours. C'est vrai, personne n'y a pensé. Les gens voulaient voir celle qui incarne

la rénovation. La

politique autrement. Trois mille personnes sur le terrain de foot de Frangy, du jamais vu. Jamais autant de repas n'avaient été servis à une fête de la Rose, jamais autant de saucisson, produit par le gendre du maire, n'a été avalé. Les vieux, ceux qui viennent depuis plus de trente ans, ont le tournis au milieu de la foule, bien qu'assis sur leur pliant. «Il fallait être là, je vous assure, dit une veille dame. Je viens pour Arnaud, moi. Mais si elle veut être présidente, pourquoi pas ? Faut tenir les promesses après...» Son petit-fils, 13 ans, est hypnotisé par

la candidate. Il

la mitraille avec son portable. «Quand les copains vont voir ça...»

Au fond, Pierre Joxe. Et puis, il y a les boudeurs, pas nombreux. Ils ont apprécié la journée, jouent les convaincus. Mais ont le sourire un peu forcé. Comme Pierre Joxe, qui ne pardonne pas à celui qui lui a succédé localement, Arnaud Montebourg, son choix d'alliance. Pour la première fois en trente-quatre ans, il arrive discrètement. En retard, caché sous un chapeau blanc. Et reste au fond du stade. Puis part, au bout de vingt minutes.

Mais voilà, la foule, les applaudissements, les bousculades, sont aussi la garantie d'une journée de la fête de la Rose réussie. C'est le cas cette année. Même si l'héroïne du jour avait quelque peine à s'approcher des gens. A les toucher pour de vrai.

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