Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA VOIE "ROYAL"
24 août 2006

En quête d'ancrage populaire

_lectorat

Pour les politologues, l'électorat modeste sera la clé de la présidentielle.

Par Vanessa SCHNEIDER - Libération

La chasse à l'électorat populaire a commencé. En faisant sa rentrée politique à Frangy-en-Bresse aux côtés d'Arnaud Montebourg, Ségolène Royal a choisi d'ancrer sa candidature à gauche et de l'inscrire dans les préoccupations des Français les plus défavorisés : la recherche d'un maximum de sécurité, notamment en matière économique et sociale. L'enjeu est de taille dans le duel qui l'oppose d'ores et déjà dans l'opinion à Nicolas Sarkozy. En 2002, Lionel Jospin n'avait recueilli que 12 % des voix de l'électorat ouvrier, Jacques Chirac en obtenant 14 % et Le Pen raflant la mise avec 26 %. Une claque pour l'ancien Premier ministre car, selon Stéphane Rozès, directeur de l'institut CSA, «ce sont les catégories populaires qui font l'élection, et non les classes moyennes, comme on l'a longtemps pensé».

Proches des gens.

A huit mois de la présidentielle, la situation semble avoir changé en termes de conquête de voix. Les deux candidats les plus probables de leur camp, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, sont tous deux bien placés dans l'électorat populaire. «Ségolène Royal fait ses meilleurs scores dans cette catégorie, note François Miquet-Marty, directeur des études politiques de l'institut LH2, et Nicolas Sarkozy y fait sa deuxième performance après les artisans et les commerçants.» Ils doivent ces bons résultats au fait qu'ils sont jugés assez proches des gens, qu'ils se présentent avec l'ambition de changer la politique, et que tous deux ont su tenir un discours sur les insécurités. Le défi pour eux est maintenant de conserver cette cote le plus longtemps possible, ce qui n'est pas gagné : «Les moins favorisés sont également les plus changeants, ceux qui peuvent s'abstenir le plus facilement, et les plus sensibles aux campagnes électorales», insiste François Miquet-Marty.

Pour la plupart des sondeurs, la possible candidate du PS est la mieux placée dans l'électorat populaire dans l'hypothèse d'un second tour face au candidat UMP. «Nicolas Sarkozy porte le débit des gouvernements Raffarin et Villepin en matière sociale, note Jérôme Sainte-Marie, directeur de BVA Opinions, alors que Ségolène Royal, en tant que femme de gauche, incarne plus naturellement la défense du pouvoir d'achat et des acquis sociaux, auxquels les plus fragiles sont très attachés.» Selon lui, la «légende du 21 avril [2002]» a fait croire que les plus démunis étaient les plus sensibles à l'insécurité, alors que cette préoccupation est davantage celle des classes moyennes. Les personnes en difficulté restent surtout inquiètes du chômage et du pouvoir d'achat. S'il avait un conseil à donner à Royal, ce serait de ne pas s'appesantir sur le thème de la sécurité des personnes car, «en tant que femme et de gauche, sa voix aura toujours moins de poids sur ce sujet que celle de Sarkozy, et elle prendrait en outre le risque de laisser à penser qu'elle n'a rien à dire sur le social».

Elimination.

Stéphane Rozès (CSA) différencie le premier tour, qui témoigne de la capacité des candidats à mobiliser sur ce qu'ils incarnent, du second, qui revient à un processus d'élimination. Dans le cas où le premier tour opposerait Royal à Sarkozy, c'est le numéro 2 du gouvernement qui recueillerait le plus de voix dans l'électorat populaire. «Dans un monde de plus en plus inquiétant, il prétend trier le bon grain de l'ivraie, le travailleur de l'assisté, le bon immigré du mauvais, le bon jeune du délinquant, etc., note le politologue. Les catégories populaires y trouvent un réconfort, car elles se sentent du bon côté.» Au second tour, le rapport de force s'inverserait car Ségolène Royal récupérerait des voix de gauche, des abstentionnistes et de tous ceux pour qui Nicolas Sarkozy incarne surtout le libéralisme économique et une menace pour la protection sociale.

Publicité
Commentaires
Publicité