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LA VOIE "ROYAL"
28 août 2006

Hollande ébauche les règles d'un jeu risqué

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A La Rochelle, Jospin est revenu dans le jeu des prétendants, Ségolène Royal n'a pas rencontré les militants, et le premier secrétaire en a appelé à la raison.

Par Jean-Dominique MERCHET

Libération - Lundi 28 août 2006 - 06:00

La Rochelle envoyé spécial

On se calme ! En clôturant, hier à La Rochelle, les trois journées de l'université d'été du Parti socialiste, le premier secrétaire du PS, François Hollande, a tenu à rappeler les «règles de comportement» d'une «dynamique de la victoire» en 2007. «L'échéance principale n'est pas celle du 16 novembre, date de la désignation de notre candidat(e), mais le 6 mai 2007», pour le second tour de la présidentielle, a-t-il prévenu. «Car le 16 novembre, au moins, nous sommes sûrs qu'un socialiste va gagner !» Et après La Rochelle, les prétendants sont aussi nombreux qu'avant, sinon plus : Laurent Fabius, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn et évidemment Ségolène Royal, n'ont en rien désarmé. Et Lionel Jospin a, lui, cherché les moyens de revenir dans le jeu. Tous étaient alignés au premier rang du public pour écouter le premier secrétaire leur expliquer que la présidentielle de 2007 «sera aussi historique que celle de mai 1981, parce qu'il s'agit d'ouvrir un nouveau cycle politique».

 

Autodestruction.  «Nous avons nos sensibilités, nos préférences, nos convictions, nos pronostics», mais «nous ne pouvons pas être préoccupés que de nous-même», a averti François Hollande, en pointant les risques d'autodestruction d'une campagne interne qui serait mal menée. «Il faut maîtriser nos processus internes, a-t-il exigé. Que chacun fasse valoir ses atouts, mais sans dévaluer ceux des autres. Ecartons le dénigrement, la suspicion ! Rien de nos débats ne doit pouvoir être utilisé par la droite [...] Celui ou celle qui en sortira doit être grandi(e) et non diminué(e) par notre exercice de démocratie interne.» Un propos en forme de bouclier pour protéger Ségolène Royal. Dans les coulisses du rendez-vous rochelais, la compagne du premier secrétaire a en effet été souvent critiquée dans des termes vifs, notamment par les proches de Jospin.

Au-delà du PS, il y aura toute la gauche à «rassembler».  «La majorité de 2007 ne sera pas celle d'un parti, mais d'une coalition», a pronostiqué le patron du PS. Un «sommet de la gauche» se tiendra en septembre «pour préparer, le moment venu, un contrat de gouvernement» avec les Verts, le PCF, les radicaux de gauche et les chevènementistes du MRC. Quant à l'extrême gauche, «nous devons la mettre devant sa propre responsabilité. Elle a le droit de ne pas vouloir gouverner, mais au moins qu'elle ne nous en empêche pas».  «Le PS est généreux, mais pas masochiste», a donc fait valoir Hollande, défendant sa «proposition» de demander aux élus PS de ne pas parrainer d'autres candidats à l'Elysée.

Sollicitude.   En revanche, François Hollande n'a pas levé le moindre coin de voile sur son hypothétique candidature à l'investiture : «Comme premier secrétaire, j'ai le devoir de veiller au rassemblement.» Il a toutefois reconnu être sous «pression» pour se prononcer dans un sens ou un autre ­ notamment pour clarifier son attitude vis-à-vis de Ségolène Royal, comme on lui demande dans le PS : «Il est souvent dit qu'il y aurait une pression forte sur moi. Je suis très sensible à cette sollicitude toujours amicale, jamais intéressée...» s'est-il défendu avec le sourire.

De l'humour, Hollande a aussi fait une arme contre l'UMP. Nicolas Sarkozy, c'est «Narcisse au pays de l'UMP», un «premier rôle, pas un jeune premier» de la droite au pouvoir depuis 2002. En référence à Témoignage, le livre du ministre de l'Intérieur, Hollande a rappelé que «dans ce quinquennat, Sarkozy n'a pas été un témoin, mais un acteur. Le bilan de la droite, c'est son projet» ; et qu'il doit «tout assumer» puisqu'il a «tout décidé, tout organisé». Et Hollande de moquer la façon dont le patron de l'UMP se grime : «S'il stigmatise les patrons voyous, c'est qu'il doit les connaître.»  «Jamais un candidat de la famille gaulliste n'a été aussi proche des puissances d'argent», a même dénoncé le patron du PS. Un exercice d'opposant beaucoup plus facile que la maîtrise des «processus» internes.

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