Interview de Vincent Peillon, Nouvel Observateur
Interview de Vincent Peillon,
Nouvel Observateur
Le Nouvel Observateur. - Le retour de Jospin bouleverse-t-il, à vos yeux, le paysage de la prochaine présidentielle?
Vincent Peillon.- Non. Dans une de ses premières déclarations, après le 21 avril 2002, Lionel Jospin a dit qu’il voulait être «utile» aux socialistes et à la gauche. Il
Nouveaux enjeux, nouveaux défis, nouvelles générations : avançons ! Je ne peux pas imaginer que Jospin, tel Chronos, vienne dévorer ses enfants pour ne pas les voir grandir. Ceux qui le poussent vers une troisième candidature à la présidentielle pensent plus à eux qu’à lui Que Jospin dise ce qu’il pense, c’est bien la moindre des choses. Qu’il nous fasse profiter de son intelligence, de son expérience, de sa force,
c’est indispensable. Mais l’affront du 21 avril ne sera lavé que s’il aide l’un – ou l’une d’entre nous – à gagner.
N.O.- Pourquoi ne pas dire tout simplement que vous souhaitez que ce soit Ségolène Royal?
V.Peillon.- Avant Ségolène Royal, je défends depuis longtemps la nécessité d’une nouvelle donne, tant sur le plan politique que social.
Tout cela constitue pour la gauche, un défi qu’elle n’esquivera pas, sauf à courir, en 2007, le risque d’un échec encore plus grave que le précédent.
N.O.- Ségoléne Royal, ce n’est que de l’image, disent ses détracteurs !
V.Peillon. – C’est aveugle et mesquin. Pour autant, qui peut croire qu’un ou une responsable politique, aussi talentueux soit-il, aurait réponse à tout? Elle même s’en défend. Raison de plus pour l’aider.
N.O.- Comment?
V.Peillon.- Nous avons fondé en 2002 le NPS, qui est le principal courant de la famille socialiste, le plus récent et, je l’espère, le plus imaginatif. Avec lui, nous avons opéré des choix essentiels :l’union, coûte que coûte, aux régionales et aux européennes de 2004, ce qui a permis de belles victoires, le non au Traité constitutionnel, mais le respect scrupuleux du vote militant, la réunion avec Henri Emmanuelli, qui est un grand dirigeant politique, puis la synthèse du Mans et l’élaboration du projet.
A chaque étape, ces choix que j’ai tous proposé ont été débattu, critiqué, contesté, ce qui est normal, et parfois ils nous ont coûté.
Pensez au départ d’Arnaud Montebourg ! Mais avec le recul, je ne vois pas qu’aucun d’entre eux soit désavoué et regretté.
N.O.- Et maintenant ?
V.Peillon.- Dans la clarté et la responsabilité, je proposerais au NPS, lors de l’université de rentrée que nous tiendrons à Saint Nazaire fin septembre, qu’il prenne position avec force, et sur ses bases idéologiques, pour la candidature de Ségolène Royal.
N.O.- Etes vous sûr de l’emporter ?
V.Peillon.- Certains de mes amis penchent vers François Hollande, parce qu’il est premier secrétaire, mais aussi pour son talent. Je comprends leur raisonnement. Il dessine sans doute la voie du seul recours possible.
J’ai dit à François Hollande que si cette situation se produisait, je l’aiderais. Mais je lui ai dit aussi ce que je dis à mes amis, qu’aujourd’hui ce serait une faute lourde, incompréhensible et impardonnable pour nos compatriotes, que de chercher à empêcher Ségolène Royal d’être celle qui conduit notre combat commun.
Propos recueillis par François Bazin